Sans le savoir... ( Montessori)

 Depuis environ 6 ans, c'est un matraquage Montessori sur les réseaux sociaux. Montessori par ci, Montessori par là. Des jouets qui surfent sur la vague, une philosophie positive et recherche d'autonomie. A croire qu'avant nous ne savions pas faire !
J'étais maman pour la première fois, il y a 39 ans (!!!). Je ne connaissais pas Montessori si ce n'est que de nom. Nos gourous en matière de parentalité se prénommaient, Brazelton, Dolto, Franck à l'époque !

Mais à regarder des photos, des dessins de nos enfants, des dogmes qui m'habitent encore, soutenir la curiosité, l'imagination et l'autonomie, tout en respectant un cadre et des routines, non sans quelques rappels très sonores des règles de vie en famille...  Eh oui, ça criait parfois, ça boudait et ça pleurait aussi ! Nous, on punissait, contrairement aux explications alambiquées données à tort et à travers de nos jours.

Bref sans le savoir, j'appliquais sans les connaître à fond, quelques principes érigés en contraintes parentales aujourd'hui. Et si nos enfants n'avaient pas de jouets Montessori, ils ont tous eu un livre confectionné avec amour par leur maman avec des images de magazines, et des syllabes, Le Livre BA, qui explorait le vocabulaire et les sons compliqués à formuler.  tr-cr- L- on /an/ in sous forme de lecture à trous. Je lisais la phrase et ils complétaient le son compliqué.
 Les jeux de sociétés étaient les supports favoris d'apprentissages, compter, reconnaître les lettres ou apprendre les comptines des jours de la semaines, des mois de l'année, des saisons, des heures, les règles de jeux... bien avant d'entrer à l'école. 

Une photo n'est pas une pure illustration d'une situation et chacun peut l'interpréter différemment, d'ailleurs, certains me trouvaient très inconsciente avec nos enfants.
Et pourtant ...



Je suis toute à gauche, en turquoise, et Sir Plume prends la photo au télé à bonne distance...
Mon stress du moment venait du fait que la grande pousse le petit frère qui montait (pas assez vite à son goût) parfaitement bien cette échelle, se positionnait juste tout en haut, avant de crier de plaisir à la descente du toboggan (15 mois).  Il fallait une belle confiance (ou une belle inconscience, c'est selon) pour laisser expérimenter les enfants.
Tout pareil avec mes petites fées qui pratiquaient allégrement la tyrolienne de Pampigny à ... 18 mois. Et certaine qui se reconnaitra se souvient certainement de la plus jeune, 15 mois, se balançant seule sur une balançoire en demandant qu'on la pousse plus fort... alors qu'elle trouvait que nous n'étions pas assez protecteurs et craignais avant tout que la petite tombe.  
Soutenir la curiosité et l'imagination par des découvertes, des passions, ne pas interférer dans le jeu imaginaire, renforcer la confiance en proposant quelques défis juste assez difficiles, mais pas trop pour ne pas décourager...  refuser d'entrer dans la facilité systématiquement... Pas de téléphone, pas de vidéo, et pas même de tv dans leur très jeune âge...
 J'avoue, mes biais de négativité l'emportaient trop souvent à mon goût. Mais visiblement bien moins que dans mon entourage qui restait sidéré devant les acrobaties de nos enfants.
Et en ce qui concerne le dernier, il fallait non seulement faire confiance à ses capacités physiques, mais aussi à sa capacité d'appréhender les situations.  Sa cabane sise à 3 km de la maison le laissait lui et ses copains en totale autonomie avec une hache, du feu, des pique-niques parfois, comment dire, assez étranges.
Faire fondre à 300° du plomb ou de l'étain pour en faire des écussons...
-  prends un pansement et du désinfectant, tu fais quoi si tu te brûles ?
- ça va aller, on a le ruisseau juste à côté ! Il avait tout juste 7 ans... il allait en vélo à la cabane avec ses copains dès ses 6 ans.

Qui laisserait encore de nos jours ses enfants si jeunes seuls  en forêt a 3 km, faire du feu et fondre du plomb, couper des branches pour faire une cabane ? Qui je vous le demande !

Notre cadet se rend compte maintenant de l'exceptionnel cadeau que nous lui avons offert dans son enfance et de cette confiance inaltérable que nous lui donnions. Il est papa et cela ne va pas de soi pour lui de laisser autant d'autonomie à ses filles de 6 et 3 ans !