Se respecter.

Lorsque nous passons des heures, que nous y mettons de l'enthousiasme, que l'on s'investi dans une activité créatrice ou autres, c'est se respecter que d'entretenir les créations au mieux de leur forme, de ne pas les passer à la poubelle. Je raccommode mes habits, recoud les boutons, fais faire des ourlets si besoin, je prends soins de ce que la vie m'accorde.

Il y a longtemps dans les années 2000 j'ai pratiqué le scrappbooking. J'ai fait des centaines de pages, de tentatives, d'essais, des  albums, des mini-albums, des carnets de voyage thématiques.
Au fil du temps, je me suis arrêtée, enfin presque. J'ai découvert le pastel et l'aquarelle.

Au fil des désencombrements successifs, je suis tombée aujourd'hui sur deux mini albums en piteux état. Non que j'en ai peu pris soin, non, le matériel utilisé pourtant payé à prix d'or, se révèle périssable au fil du temps. Surtout les colles sans acide. Pratiquement tous les produits autocollants, les lettrages et déco finissent par se décoller. Le temps et la patience (qui n'est pas mon for) le soin mis à les réaliser m'arrache des soupirs de rage et de frustration.  On nous promettait à l'achat des produits durables dans le temps afin de confectionner des archives familiales. 10-15 ans, c'est le temps qu'auront vécu mes mini albums.

C'est mal me connaître de penser que je vais en rester là. J'ai donc passé plus d'une heure à refaire la page de garde d'un mini album intitulé Mimi Cracra, qui illustre avec les paroles de la chanson, ma fille de 15 mois qui joue avec de l'eau sur le balcon.
Refaire la page de garde en carton est toute une affaire. J'ai pris la page fichue comme chablon, j'ai imprimé le titre à l'imprimante, faite les 3 découpes (carton, papier imprimé, et deuxième de couverture) utilisé de la bête colle blanche en couche super fine, renforcé l'encollage à des endroits stratégiques. Voilà mon album reparti pour 10 ans.

Il faut maintenant que je trouve un moyen de protection afin qu'il ne s'abime pas, probablement des enveloppes à papier bulle.

Malgré une vie de famille très chargée avec trois ados, dont un malade psychique, une vie associative intense, le scrap m'a procuré beaucoup de plaisir, il a stimulé ma créativité, il reste pour moi un temps à part, un temps que je m'accordais quoiqu'il arrive et les imprévus de cette période rendaient ma vie pleine à craquer.

Je suis émerveillée de tourner les pages des albums avec mes petites filles, elles aiment regarder leur propre album, on discute de la photo, on en raconte encore et encore l'histoire, elles touchent délicatement les décorations et rient des bêtises de leur parents. Elles se relient à leur propre histoire de naissance et de bambin. S'inscrivent dans l'histoire familiale dont je suis la mémoire et dont les albums sont le reflet. Je n'ai et de loin, pas scrappé 39 ans d'histoire de famille, il y a encore des textes, le livre de grand-mère, et une boîte nommée "trésor familiaux" avec des photos inscrappables, des dessins d'enfant, leur courrier qu'ils nous envoyaient, des objets qui ne font sens que dans cette famille. Ces petit bout de rien de tout qui racontent à eux seul, la vie de famille, ses temps fort, ses mythes fondateurs et aussi un peu, son histoire.