Irlande 3 - chapitre 16, comme un air d'autrefois.
Miniature:
Un ancien gué à pierres plates devant un pont carrosable. Un chemin de randonnée démarre ici : le Drimoleague Heritage Walk.
Joli sentier qui longe la rivière Ilan. Sentier aménagé de tables de pique-nique, de bancs irlandais, double fauteuils avec une table les reliant. On passe d'une rive à l'autre par de belles passerelles en bois et don le sol est recouvert de revêtement anti dérapant en cas de pluie (!!!), le pont étant en légèrement courbé.
Petit clin d'oeil aux randonneurs:
Drimoleague était autrefois un noeud ferroviaire du West Cork avec pas moins de trois quais, c'est maintenant devenu le centre des réseaux piétonniers de la région. D'où le titre The Walker's Junction of West Cork. Toutes les promenades présentées, ainsi qu'une carte détachable, des faits historiques intéressants et des études sur la nature sont détaillés dans le livret 'A Guide to The Sheep's Head Way - Eastern Routes' qui est disponible localement à un prix raisonnable.
Pour la commande par correspondance, veuillez envoyer un e-mail à davidross316@gmail.com. Cartes avec l'aimable autorisation de Dennison Design et Abigail Ross. L'irlande du Sud-ouest a plusieurs chemins de randonnées qui traversent les montagnes, qui explorent les péninsules.
Premier objectif, Castledonovan
Daté de fin du15e remanié fortement au 16-17e et restauré 21e
En 1834, Philip Dixon Hardy publia dans le Dublin Penny Journal un récit de son voyage de 1828 dans la « vallée de Castledonovan »
"... Il est difficile de concevoir quelque chose de plus sauvage, de plus désolé, de plus solitaire que cette vallée sauvage. ... J'ai atteint l'éminence qui la domine de l'est, vers deux heures de l'après-midi d'une chaude journée ensoleillée. Il n'y a pas d'arbres dans ce district, et la couverture bruyère des collines était incapable de montrer la moindre marque de la saison qui avançait. Au centre de la vallée sous moi, se trouvait la haute tour crénelée ; une vaste prairie marécageuse s'étendait au-delà, délimitée par les collines rocheuses escarpées de Mullaugh-Nesha et ses frères pointus."
Un cheval solitaire paissait là, près du muret, évoquant au besoin la vie des Seigneurs du clan O'Donovan dans ces contrées rudes !
Mais continuons, la journée ne fait que commencer. Il souffle et le ciel promet des averses soutenues. Nous longeons toute la vallée dans sa longueur.
Le Lough Bofinne nous séduit par sa situation et sa sérénité. Deux barques dialoguent en paix. Il sert à la correction des eaux des marécages anciens qui entouraient le Castledonovan. Permettant la mise en culture, les habitations et la construction de routes hors inondation.
Plus loin, nous partons à l'assaut de la montagne afin de découvrir le Lough Barley.
8 km de montée en voiture :
Arrivée au parking. Vue sur la route.
Oui, ce chemin a le statut de route ! Nous prendrons toutes les épingles à cheveux en première et inutile de songer à croiser !
Nous nous enfilons dans le sentier qui disparaît rapidement dans une tourbière non aménagée: nous marchons sur l'eau ... Nous en reviendrons les pieds et les chaussures trempés. Ce fut un poème d'y aller et d'en revenir. Chaque fois que je pensais la motte assez solide je m'enfonçais de 20 cm dans de l'eau noire de tourbe diluée... Nous essayons de marcher sur les quelques rochers qui affleurent, mais ils sont distant souvent de plusieurs mètres. Rien n'est sec. Marcher sur des éponges fut une expérience marquante pour moi. Il me fallait faire attention à ne pas perdre l'équilibre au risque de m'étaler de tout mon long dans la tourbière marécageuse !
Clairement ce lac se mérite. 😅
La tourbière était encore en activité au siècle dernier.
La vue de cette tourbière ne laisse pas penser que nous sommes sur un terrain totalement détrempé et vaseux par endroit. Les rochers semblent dire qu'il est possible de marcher sur du dur. Mais ne vous y fiez pas, c'est un leurre... Même en essayant de marcher sur la pente entre les rochers, l'eau captive des plantes est relâcheée sous la pression de votre poids. ...
Enfin après presque 30 minutes de marche pour 300 m, le lac se dévoile enfin !
La bruyère, image de résistance, d'opportunité, de patience et d'endurence. Une fleur qui illustre le caractère irlandais.
Le col de Caha Pass
Nous tombons un peu par hasard, car nous en ignorions l'existence, sur une sorte d'éco-musée-boutique-salon de thé qui relate la vie d'autrefois dans une ferme typique d'avant la famine.
Nous y ferons quelques emplettes et y dégusterons un Guinesscake, divin avec une tasse de café.
"Le cottage et la ferme traditionnelle de Molly Gallivan, vieux de 200 ans, est un centre d'accueil des visiteurs à la gestion familiale. Chez Molly Gallivan, vous découvrirez le style de vie simple de la campagne irlandaise avant l'ère de l'électricité et des commodités modernes. Sa ferme est complète avec des animaux, de la volaille et des machines agricoles traditionnelles. À la ferme, vous visiterez également les ruines fantomatiques d'une habitation familiale datant de l'époque de la grande famine et une rangée de pierres néolithiques faisant partie d'un ancien calendrier solaire. Vivez 5000 ans d'histoire sur 500 m de marche. "
La druidesse dans son cercle de pierre
Le cottage (la partie habitation de Molly Gallivan)
Les pierres bleues et roses se retrouvent dans les pierres des cottages.
Je ne me lasse pas de d'admirer ses pierres à la couleur si étrange.
Bonane.
Bonane heritage Park est un lieu sacré.
Purée, pour accéder au lieu, 90 m de dénivelé et ça monte encore une fois sur place, car le site est à flanc de colline. Il m'a fallu pas moins de 3 arrêts et une chute pour atteindre ces lieux pleins de charme et de magie. La région est entourée par les montagnes Sheehy et Caha. Il abrite un certain nombre de vestiges archéologiques, notamment des sites de forts circulaires et de cercles de pierres. Certaines études ont indiqué que certains de ces vestiges archéologiques 'pourraient bien avoir eu une signification astronomique'.
Ce site n'a été découvert par hasard qu'en 1999 par le propriétaire qui allait jeter des cendre de son poêle à tourbe derrière chez lui dans son jardin au petit matin. Il a vu au lever du jour quelque chose d'inhabituel dans le paysage et est allé y voir de plus près. C'est ainsi qu'il a découvert dans la forêt, le cercle de pierre, le reste du site a suivi peu après. La paroisse de Bonane recense plus de 250 sites néolithiques à ce jour. Tous n'ont pas été fouillés. Il reste encore du patrimoine de cette époque sous terre. Le site de Bonane est exceptionnel et se classe parmi les tout grands sites de la Vallée de la Boyne plus au Nord. Son patrimoine est antérieur aux pyramides d’Égypte. C'est un lieu sacré.
L'archéologue du comté de Cork dans les années 2010 déplore que le site ne soit pas mieux protégé depuis sa découverte. L'enthousiasme de la découverte s'est éteint. Les pierres qui était protégées par une forêt très sombre, recouvertes de lichen seulement, ce qui a préservé leur existence pendant 5'000 ans, une fois mises à jour, la forêt déboisée, des bruyères qui ont besoin de lumière ont pris racine. Malheureusement, la bruyère fait exploser les pierres et participe à la destruction inévitable du site. Le manque de moyens financiers pour construire un visitor center et pour entretenir le site manque cruellement. La nature reprend lentement ses droits. Le cercle dont les pierres était bien lisible il y a 20 ans, est maintenant envahi de végétation et des arbres poussent dans le ring fort.
La forêt a repoussé et masque les encoches dans les montagnes, là où se lèvent la lune et le soleil.
Néanmoins ce site est extraordinaire !
Le ring fort et son fossé de 10 m par endroit comprend une entrée et et une sortie. La sortie est très scabreuse.
Le cercle de pierre est normalement double ( soleil et lune). Quelques pierres plus petites évoquent le cercle interne dévolu à la lune.
La seule et unique bullaun stone verticale connue à ce jour au monde. Nous y avons trouvé des pièces de monnaie, modestes oboles votives dans les cavités creusées de main d'homme.
Le menhir, haut de 80 cm.
En bas de la colline, une reconstitution d'un crannog irlandais. C'est une île artificielle bâtie durant la préhistoire en Écosse ou en Irlande. Le nom est aussi utilisé pour les plateformes en bois construites sur les eaux peu profondes des lochs, principalement pendant le Néolithique. On y accedait par des pontons noyés ou des pierres juste sous la surface de l'eau. Ils étaient accessibles en pirogue. En Ecosse, en Irlande et au pays de Galles subsistent encore aujourd’hui les fondations de milliers de crannogs, ces mystérieuses îles artificielles situées dans des rivières, des lacs et des bras de mer.
A un km en ligne droite du cercle de pierre, se trouve un cimetière encore en activité qui comporte deux objets d'intérêt. Une croix irlandaise primitive et une très belle Bullaun Stone remplie d'eau de pluie. On comprend très bien le pouvoir sacré du reflet. Notre photo n'est pas très bonne, avec l'ombre d'un buisson, la pierre était très difficile à trouver. Pour cela il faut grimper dans une sorte d'observatoire et regarder au pied du mur du cimetière. Le cimetière étant sa fonction actuelle ne peut pas être fouillé, mais ces deux indices laissent à penser qu'il serait pourtant intéressant de le faire. Ce qui est certain, c'est que cette pierre comme d'autres bullauns se trouve à exacte distance au mètre près du site sacré à l'heure actuelle on en compte 5. Il se pourrait qu'il y en aille davantage. Elles font partie intégrante du site tout comme les standing stones row, les alignements que l'on trouve autour du site en trois endroits stratégiquement importants pour les évènement cosmiques.
De l'antique croix celtique, je ne sais rien. Si ce n'est qu'elle est mise en avant sur un panneau chez Molly Gallivan...
Afin que vous compreniez mieux.
Mortier communautaire ? Rituel ? Adoration du reflet ? Alignement cosmique ? Le mystère reste entier. Car la Bullaun stone est tout cela à la fois de manière unique ou multiple. Elle datent toutes du Néolithique et de l'Àge du Bronze. (photo de Finola Finlay and Robert Harris)
Après les beautés sauvages de ce site incroyable, le cercle de pierre de Kenmare est lui presque trop léché. Sis dans un lieu protégé embelli de gazon anglais et d'arbres votifs, il est certes complet et très beau, en revanche, il a perdu son âme (et ses vibrations subtiles 😉 )... on y ressent rien, tellement l'endroit est policé. Les arbres votifs sont assez incroyables. On y trouve de petits papiers attachés à l'arbre qui portent des intentions de prières, des voeux amoureux ou de guérison, de santé financière même ! (à droite sur la photo)
La journée touche à sa fin et nous sommes assez loin du gîte, il faut rentrer. Un tout dernier coup d'oeil à l'une des multiples baies, celle de Glenngariff.
Je n'ai aucune envie de rentrer, de finir ce temps suspendu, cette "lune de confiture". Je suis presque fâchée de devoir retourner en Suisse. Sir Plume me console en me disant que notre prochain voyage dans ce pays sera probablement un voyage itinérant au coeur des terres secrètes de l'Irlande. Elles aussi riches d'histoires, de légendes, de lacs et de cours d'eaux majestueux. Qu'il y aura encore des mystères et des ambiances sacrées .
Ce fut un voyage de toute beauté.
Gratitude encore et toujours.
Recevoir les mises à jour du blog par email