Conscience de soi

Qu'est-ce qu'une grâce d'état ?

Définition : « Une chose est de conseiller le pape, autre chose est d’être pape », dit-on.
Dans la théologie de l’Église, on appelle cela la grâce d’état. Les grâces d’état sont les soutiens de l’Esprit Saint dans les conditions particulières et les missions spécifiques des uns et des autres, afin d'être un vivant témoignage de l'action de Dieu dans le monde. 

Nul besoin d'être Pape pour en recevoir. Heureusement !

Ce sont des aptitudes, des qualités, des savoir êtres et faire qui sont offerts par Dieu, gratuitement, quand nous entrons dans un état inhabituel. On peut aussi appeler cela un charisme, un don,  qui vient d'ailleurs de la même racine grecque  que que le mot grâce et joie. Intéressant !

Il se trouve que ces dernières semaines des personnes de mon entourage ont fait, presque sans le savoir vraiment, référence à cet grâce d'état. Un ami de longue date, un pasteur de l'église évangélique genevoise (lui, l'a nommée en toute lettre dans un mail) et une internaute avec qui j'ai des liens particuliers. Fille et belle-fille s'accordent à le souligner de temps à autres. - Tu es faite pour être grand-mère !
Il faut donc croire à les entendre que j'ai reçu une grâce particulière, celle d'être grand-mère. C'est bien un état inhabituel depuis quatre ans et demi... Et il semblerait que j'ai un don avec les touts petits, un feeling particulier. Je le savais à 16 ans, mais je pensais avoir perdu le fil en étant maman (là c'est sûr et certain, je n'ai pas reçu de grâce d'état, à entendre mes enfants  😅).

 Cette prise de conscience me met à l'aise, me détend. Je peux donc dire oui aux demandes, avec discernement, sans me poser plus de questions. Cela n'enlève pas la fatigue, mais j'ai l'assurance d'avoir les forces mentales pour faire face. Cela me remplit de gratitude.

Il se pourrait bien que vous aussi ayez reçu cette grâce d'état, dans votre couple, votre profession, auprès d'une personne spécifique de votre entourage. Vous appelez  probablement cela autrement, que vous soyez pratiquant ou non, plus proche de la philosophie que de la foi. Celà n'en reste pas moins une grâce spirituelle.

 C'est en regardant un reportage sur Philippe Guignard, que la synthèse et la révélation s'est faite pour moi. Un peu comme si ce que l'on m'a dit ici ou là s'emboîtait comme un puzzle et me donnait une image. Philippe Guignard sorte de Tapie à la suisse, n'avait pas cette grâce. S'il l'avait eue, son talent de pâtissier, d'homme d'affaire aurait explosé et porté beaucoup de fruits dans la durée et sa vie serait une inspiration pour beaucoup. Mais au contraire, il s'est laissé aller dans une dérive délictueuse, jusqu'à faire de la prison.  C'est toute la différence qu'il peut y avoir entre des hommes et des femmes qui concrétisent leur œuvre personnelle, leurs objectifs pour le bien de tous et les autres qui dérivent en proie à leur propres passions de gloire, d'argent, de pouvoir, d'emprise parfois. 

La grâce d'état vous l'aurez compris, n'est pas un état de grâce. Tout un chacun peut avoir dans sa vie des états de grâce ponctuels. La grâce d'état est un supplémentation de savoir être et faire dans la durée dans une circonstance donnée pour palier à nos lacunes personnelles. Il n'y a donc pas de quoi se vanter !

Je sais très bien qu'il n'est pas de bon ton de parler de soi. En Suisse, c'est même un manque de savoir vivre. Si on possède quelque chose, il n'est pas bon d'en faire étalage. La grâce d'état est pour chacun, du plus humble au plus m'as-tu vu. Elle n'est pas réservée à ceux qui prient ou qui affiche leur foi en la Vie. Elle est pour chacun qui se reconnait faible, lacunaire devant  Dieu.  Nous avons tous dans notre entourage des personnes qui ont cette puissance en eux et nous savons intuitivement la reconnaître. En tous les cas, j'y arrive sans peine. Je ne pensais pas en faire partie du tout, tellement il me semble faire des efforts. Rien n'est acquis une fois pour toute, cette grâce d'état dépend de ma relation au divin.

"Ma grâce te suffit. Ma puissance se manifeste précisément quand tu es faible... car lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort." 2 Corinthiens 12.9

Je n'avais jamais entendu ce verset de la sorte, sauf quand j'en ai pris conscience devant ce reportage de Temps Présent.