Désaccords avec la sage-femme de sa fille

La vie est ainsi faite que bien souvent notre propre expérience prime sur celles des professionnels. Dans l'idéal il faudrait toujours faire une alliance en vue d'un même objectif.

Mais si cela était si simple, cela se saurait comme dit la coutume.

Je vous raconte.

Fille Aînée est une toute jeune maman de 36 ans. Elle veut allaiter, car en élève appliquée, elle veut faire au mieux. Comme c'est un premier enfant tout un tas de métabolismes spécifiques doivent se mettre en route pour la première fois et cela ne va pas sans mal. Il faut donc la soutenir dans ses apprentissages de découvertes. Pour elle, rien ne va de soi, n'est inné. 

Bébé pleure beaucoup, il est très souvent au sein, elle ne récupère pas bien avec des nuits très entrecoupées de longues heures de tétées.
Voilà que la sage-femme lui dit (donne l'ordre, serait plus exact) de compléter ses tétées avec du lait en poudre, car bébé ne prends presque pas de poids.
Jusque-là tout me va, lait industriel ou sein, en fin de compte l'objectif est de nourrir bébé et qu'il prenne du poids, ce qu'il ne fait pas.  Rassurez-vous, je suis très loin d'être dogmatique en la matière, bien que j'ai allaité longtemps, 13/ 10 /8 mois, parfois partiellement à la fin, une tétée le soir et le matin seulement. J'ai aussi l'expérience d'un prématuré qui s'endormait au sein et ne prenait pas de poids, pire avait perdu en deux mois 700grsur son poids de naissance qu'il a mis des mois à reprendre. Bref. Dans l'ensemble je suis très allaitante et j'ai adoré le faire (il faut dire que je n'ai jamais eu mal).

D'où ma surprise qu'il fallait qu'elle complète ses propres tétées.

Avec du lait en poudre ??? Bon moyen de ne plus avoir assez de lait ! Je propose derechef, qu'elle tire son lait après les tétées et qu'elle complète avec son lait tiré plus qu'avec un lait industriel. Biberon pour biberon, c'est bien le contenu qui va faire la différence.
Compléter la prise de lait maternel par du lait industriel SANS tirer son propre lait est une erreur, cela va faire foirer les semaines qui viennent.

La sage-femme lui fait remarquer que probablement les fins de journée et les tétées de nuit sont insuffisantes en quantité. Donc va pour le lait industriel qui fera bien dormir bébé et maman récupèrera d'autant mieux. Si elle dort, elle aura plus de lait et donc pourra dans un deuxième temps revenir à un allaitement maternel.

Mais là où je ne suis plus ok avec la sage-femme, c'est quand elle dit à fille Aînée qu'elle ne va pas encore et en plus tirer son lait. Que Fille Aînée est trop " fragile".

• Elle ne la connaît pas et ignore les capacités de résilience de Fille Aînée
• Elle fait fi d'une chose très importante pour les mamans, l'échec  de l'allaitement.
  Les professionnels ne prennent pas tellement ce paramètre en compte, vu que bébé est nourri, peu importe la manière. Mais c'est aller un peu vite. Des études sérieuses menées au CHUV et au HUG ont mis en évidence que presque tous les troubles alimentaires des enfants viennent d'un échec de l'allaitement quand il n'y a pas de cause physiologique comme une sténose de l'œsophage ou une irritation du cardia etc.... L'estime des mères est entamée et le doute les accompagne souvent. Ce qui fait que les transitions alimentaires sont mal vécues et les problèmes s'enchaînent en un cercle vicieux. Doutant de leur capacité à bien nourrir leur enfants, elles n'arrivent pas à positiver et quand maman doute l'enfant va souvent mal, ce qui renforce encore le peu d'estime d'elle-même.  Il est donc très important de ne pas mettre la maman en échec dans ce premier défi de la parentalité. Si elle choisit d'allaiter, d'accompagner ses questionnements, faire des propositions et non donner des ordres qu'elle doit suivre sous peine de passer pour une mauvaise mère.  Ce chantage est subtile, non-dit, mais les regards réprobateurs sont très parlants, eux ! Des directives récentes ont donc été mises en place dans ce sens dans la formation continue des SF.

Je parle beaucoup avec ma fille depuis la naissance, il semble qu'elle me trouve de bon conseil.  Donc je l'encourage à maintenir sa lactation avec un tire-lait, que cela en vaut la peine, qu'elle a fourni tant d’efforts, ce n'est pas pour baisser les bras maintenant devant un tiers qui décide pour elle, pour le bien du bébé. Ah ce bien du bébé qu'on impose aux mamans !!!

Effectivement, 36h plus tard, au retour de la sage-femme, elle lui demande de lui montrer comment tirer son lait après les tétées, prends son courage à deux mains et impose son point de vue: elle veut continuer à allaiter le plus possible ( pas le plus souvent possible, on se comprend) soutenue par une camarade de gymnase (36 ans comme elle) et moi, qui sans le savoir avons dit exactement la même chose. 

 Le tire-lait va indubitablement augmenter sa production lactée  ce qui, en quelques semaines, devrait convenir à bébé.

Quand elle a parlé de sa copine et de moi, la sage-femme s'est drapée dans sa dignité: cela fait plus 30 ans qu'elle suit des mères allaitantes, elle sait donc comment on fait  et de quoi elle parle !

Au dernier téléphone, Fille Aînée m'a remercié : je redeviens actrice, maman qui prend ses responsabilités, qui fait des choix qui lui conviennent, prend un risque calculé  et non sous tutelle d'une sage-femme un peu vieux jeu sur les bords (contre la fiv, pas de mariage pour tous, pas de gestation pour autrui et encore moins de changement de sexe en cours de vie... cela laisse songeur pour une sage-femme, non ?) Cette sage-femme n'a pas montré les petit trucs qui facilitent l'allaitement à fille Aînée, c'est moi qui les lui ai montrés, ne veux pas du change dans la salle de bain, n'a même pas pris la peine de montrer/regarder comment donner le bain, Fille Aînée était sous le charme du bain que j'ai donné rapidement, en lui montrant comment faire vite et bien. Depuis, le bain se passe  sans pleurs dans l'eau. En dehors, comme tous les petits qui ont une sensation de froid mouillé, ça rouspète ferme !

Autre exemple:

Vous en voulez encore?

Hier, (soit 13 jours après mon accouchement):

(Ma sage-femme) : - Quelle contraception tu prends? Tu devrais mettre un stérilet. (ben voyons !)

(Moi, aussi poliment que possible) : - On discutera de ça en temps voulu avec mon compagnon.

(Ma sage-femme) : - D'ailleurs quel laps de temps tu envisages pour un 2e enfant?

(Moi): - Alors en fait, un c'est déjà bien assez.

(Ma sage-femme) : - L'idéal, puisque tu as fait le 1er à 36 ans, de faire le second à 38.

(Moi): - Alors en fait, un c'est déjà bien assez.

(Ma sage-femme) : - Oui mais tu verras, l'année prochaine quand ton enfant gambadera dans ton salon, il aura besoin d'un frère ou d'une sœur, c'est lui qui décidera pour toi, c'est ça qui est merveilleux avec les enfants.

Pour ceux et celles qui connaissent notre Fille Aînée, vous voyez le problème ?