Question existentielle.
L'identité de genre
Ce week-end nous gardions notre petite fée de 3 ans et demi. L'âge d'exploration par excellence.
Dire aussi que j'ai une relation très complice avec elle, très dense, et que probablement (mais je n'en suis pas certaine, mes enfants ont posé des questions plus que dérangeantes à des adultes qu'ils ne connaissaient pas...) la qualité de notre relation lui a permis d'aborder le sujet qui suit.
Il y a d'abord eu la jolie phrase : quand je serai adulte, je ferai du fitness avec papa. Elle veut déjà faire boum boum (du tir sportif ou militaire) avec son papa, remarquez ! Passons.
A midi, à table, c'est une autre phrase : quand je serai grande, j'aurai un zizi comme papa... Deux grandes billes de jais vous regardent avec une attente. Est-ce une hypothèse d'anticipation, d'exploration, comme quand je serai une adulte, je pourrai faire la lessive, une question, un contrôle des réponses fournies par les uns et les autres de son entourage, ou une des premières affirmation de dysphorie de genre (Par dysphorie de genre, on désigne la "détresse" due à la discordance entre l'identité de genre d'une personne et son sexe d'assignation à la naissance.)
Me voilà bien embêtée. Que répondre à cela ? Rien et passer à autre chose ?
Pendant quelques secondes, tout est arrivé en pagaille dans ma pensée. Les données psychologiques de la maturité des enfants, le complexe d'Œdipe, les reportages ou articles vus ici et là ces derniers mois et dernières semaines...
Je tente maladroitement de renvoyer la question, prise de court, je fais d'instinct sur le moment, au besoin je nuancerai plus tard.
-Qu'est-ce que tu es, toi ?
- Une petite fille.
- Tu es née petite fille, alors quand on grandi, on reste une fille, puis une grande fille, puis une jeune femme, puis peut-être (merci Fille Aînée) une maman et pour finir une peut-être grand-maman. Je ne vais pas me mettre à lui expliquer que parfois la personne est fluide, non binaire, ou autre chose. Pourtant dans ce que je dis, je ne suis pas toute-à-fait à l'aise, car entre nous, pas si sûre.
A entendre les médias, les témoignages de parents concernés, les filles ont actuellement une fâcheuse tendance à vouloir devenir des garçons à l'adolescence, la souffrance qui résulte de ne pas se reconnaître dans le genre de naissance, pousse les professionnels à intervenir relativement tôt dans la vie des enfants. Or certaines, après hormonothérapies pendant des années, déchantent et reviennent à leur état naturel de naissance. Alors quoi ? Oui, il y a des jeunes mal dans leur sexe génétique, d'autres qui se cherchent, ou serait-ce une construction identitaire mal élaborée dans la petite enfance, on veut une éducation non genrée, les crèches lieu de vie en font leur cheval de bataille, on habille les petites filles comme des petits garçons (rarement l'inverse, on ne trouve pas de rose bonbon en rayon garçon,) dans une société complétement paradoxale qui ne donne plus du tout des repères clairs, etc...
Tout cela est bien compliqué pour la grand-mère que je suis. Comment répondre au plus juste en restant ouverte d'esprit ???
Notre petite fée est à l'âge stratégique d'identité sexuelle, nomme ses organes intimes avec la terminologie médicale, au moins cela a le mérite d'être clair.
L'âge aussi où le complexe d'Œdipe est intense, je veux faire du fitness avec papa, tirer comme papa... Où Freud parle du désir de pénis et du manque de ce dernier chez les petites filles. Bon, Freud a été beaucoup nuancé depuis.
Je ne pensais pas que garder nos petites fées si régulièrement m'exposerait, si tôt, à de pareilles questions !!!
Ma réponse eu l'heure de lui convenir, OUF !
Ma belle maman et ma maman toutes deux grands-mères n'ont jamais eu de tels questionnements. Les choses étaient ce qu'elles étaient et basta. Tu as un sexe de fille, tu es une fille point. Cette manière carrée d'exposer les faits avait le mérite d'être un repère. Après, on en faisait ce qu'on voulait. Mais ce type de réponse avait le désavantage de ne pas entendre autre chose parfois...
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